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Discours de Biden à l’ONU en 2023 : Résumé et Analyse

Le président des États-Unis Joe Biden prononçant un discours lors du Débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies, à New York.
Le président des États-Unis Joe Biden prononçant un discours lors du Débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York. Image de UN Photo.

Le 19 septembre 2023, le président des États-Unis Joseph Biden a pris la parole lors du Débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York. Voici les points clés abordés lors de son discours :

  • Tout comme les États-Unis et le Vietnam ont surmonté leurs différences après une guerre et ont établi un partenariat, les pays peuvent se réunir et résoudre les défis mondiaux.
  • Les États-Unis savent qu’ils ont le devoir de mener le monde dans ce « moment critique », car ils savent que « aucune nation ne peut relever seule les défis d’aujourd’hui » et que l’avenir de l’Amérique est lié à celui du monde entier.
  • Les Nations Unies ont déjà remporté de nombreux succès, comme sortir 1 milliard de personnes de l’extrême pauvreté et s’attaquer aux crises sanitaires. Cependant, l’organisation doit être réformée pour faire face à des défis plus complexes. C’est pourquoi les États-Unis soutiennent l’élargissement du nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
  • Les États-Unis se concentrent également sur la réforme et le renforcement d’autres institutions multilatérales : la Banque mondiale, les banques de développement, le FMI, l’OMC, le G7 et le G20.
  • Les États-Unis participent à des partenariats en raison d’une « vision positive pour notre avenir commun ». Les exemples de partenariats incluent la Déclaration de Los Angeles sur la Migration et la Protection, le Sommet pour la Démocratie, le Quad et le Partenariat pour la Coopération Atlantique. De plus, il est question de créer des corridors d’infrastructure, tels que le corridor de Lobito en Afrique et les efforts pour connecter l’Inde à l’Europe, via le Moyen-Orient.
  • Il n’est pas question de « découpler » les États-Unis de la Chine. Au contraire, l’objectif est de « diminuer les risques » et de coopérer avec les Chinois sur des questions communes. Cependant, les actes d’« agression et d’intimidation » chinois seront repoussés, par exemple, en menant des opérations de liberté de navigation.
  • Le changement climatique est une menace existentielle et est traité comme tel. Les États-Unis se sont engagés à financer les pays en développement dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris et à aider les petits pays insulaires.
  • L’administration Biden s’est également engagée à financer le progrès du développement, dans le but de renforcer les Objectifs de Développement Durable. Cela inclut la réflexion sur les pays accablés par une dette insoutenable, sur les revers causés par la pandémie de Covid-19, et sur le progrès des femmes et des filles.
  • En termes de paix et de sécurité, les États-Unis restent engagés dans la non-prolifération nucléaire et dans la destruction des stocks d’armes chimiques. Cependant, la Corée du Nord et l’Iran devraient être critiqués pour leurs actions, tout comme la Russie, qui porte l’entière responsabilité de la guerre en Ukraine et a le pouvoir de la terminer.
  • Des violations des droits de l’homme, y compris au Xinjiang (Chine), à Téhéran (Iran) et au Darfour (Soudan du Sud), doivent être condamnées. Il y a également des abus contre des minorités : femmes et filles, groupes autochtones et personnes LGBTQI+. Lutter contre ces violations est requis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et cela apportera un plus grand progrès humain.

Analyse du discours

Contrairement à l’administration Trump, celle de Joe Biden reconnaît le rôle des États-Unis en tant que superpuissance non pas comme une excuse pour l’isolationnisme, mais plutôt comme une raison de s’engager dans le multilatéralisme. Son objectif est de montrer l’exemple, et des principes tels que la souveraineté, l’intégrité territoriale et les droits de l’homme ont été soulignés.

La condamnation américaine des violations et des abus commis par ses rivaux était attendue. Ainsi, nous avons entendu des remarques fermement formulées sur l’invasion de l’Ukraine, décrite entièrement comme la faute de la Russie, et un échec du système de sécurité collective inscrit dans la Charte des Nations Unies. De même, il y a eu de brèves mentions de l’« agression et de l’intimidation » chinoises — une référence aux conflits en mer de Chine méridionale — et des violations des droits de l’homme au Xinjiang. L’Iran et la Corée du Nord, adversaires traditionnels en matière de sécurité internationale, ont également été cités.

Cependant, pendant une grande partie du discours, ce qui ressortait vraiment était l’insistance de Biden à réformer, financer et renforcer les institutions multilatérales. Peut-être pas depuis le Plan Marshall, lorsque les États-Unis ont envoyé des milliards de dollars pour reconstruire l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, un gouvernement américain a-t-il été aussi disposé à se lancer dans une frénésie de financement. Selon Biden, pratiquement tout peut compter sur l’assistance des États-Unis : la Banque mondiale, le FMI, les banques de développement, les pays en développement, les projets d’atténuation du changement climatique, les initiatives de sécurité alimentaire… cela semble trop beau pour être vrai, et c’est probablement le cas.

Les États-Unis font face à une crise d’inflation et l’administration Biden est confrontée à une Chambre des représentants contrôlée par les républicains et à une candidature présidentielle de Donald Trump et d’autres concurrents républicains. Il est très peu probable que de l’argent facile sorte du Trésor américain, mais la volonté de Biden de financer de nombreuses initiatives peut être considérée comme un moyen de contrer la Chine. Les Chinois ont fait la promotion de leur initiative « La Ceinture et la Route », consistant en des investissements dans les infrastructures à travers le monde, et les États-Unis tentent de rattraper leur retard.

Avec l’exception de promettre de gros investissements et de tenter de réformer les institutions internationales, les États-Unis avaient peu à dire. Joe Biden doit être félicité pour ses propositions pour l’avenir, mais on attendait plus de lui.

Texte intégral du discours

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs chefs d’État et de gouvernement, il y a environ une semaine, j’étais de l’autre côté du monde au Vietnam, un pays jadis ensanglanté par la guerre.

J’y ai rencontré un petit groupe d’anciens combattants américains et vietnamiens, et je les ai vus échanger des objets personnels datant de cette guerre, des pièces d’identité et un journal intime. C’était extrêmement émouvant de voir les réactions des soldats vietnamiens et américains.

Tout ceci est le fruit d’un travail acharné pendant 50 ans des deux côtés pour panser les plaies douloureuses de la guerre et pour décider de travailler ensemble en faveur de la paix et d’un avenir meilleur.

La voie qui nous a menés ici n’avait rien d’inévitable. Pendant des décennies, il aurait été inimaginable qu’un président américain se tienne aux côtés d’un dirigeant vietnamien à Hanoï et qu’il annonce un engagement au plus haut niveau de partenariat entre pays. Mais ceci montre bien que notre passé n’a pas forcément à dicter notre avenir.

Avec un leadership concerté et des efforts attentifs, il est possible que des adversaires deviennent des partenaires. Il est possible de venir à bout de défis apparemment insurmontables. Il est possible de panser des plaies profondes.

Ne l’oublions jamais. Lorsque nous décidons de nous serrer les coudes et de reconnaître les espoirs communs qui unissent l’humanité, nous avons entre les mains le pouvoir d’infléchir l’arc de l’Histoire.

Chers dirigeants, nous nous réunissons une nouvelle fois à un point d’inflexion dans l’histoire du monde, mais le monde entier nous regarde.

En tant que président des États-Unis, je comprends le devoir qu’a mon pays de jouer un rôle moteur dans ce moment critique, de travailler avec les pays de toutes les régions pour les rallier à une cause commune, de s’associer à des partenaires qui partagent une vision commune d’un monde où nos enfants mangent à leur faim, où tout le monde a accès à des soins de santé de qualité, où les travailleurs ont une voix au chapitre et où notre environnement est protégé, où les entrepreneurs et les innovateurs, où qu’ils se trouvent, peuvent saisir des occasions partout, où les conflits sont réglés de façon pacifique et où les pays peuvent tracer leur propre voix.

Les États-Unis recherchent un monde plus sûr, plus prospère, plus équitable pour tous et pour toutes parce que nous savons que notre avenir est lié au vôtre. Je le répète, nous savons que notre avenir est lié au vôtre.

Et aucun pays ne peut relever les défis d’aujourd’hui tout seul.

Les générations qui nous ont précédés ont organisé cette partie des Nations unies et elles ont construit des institutions financières internationales et des organes multilatéraux et régionaux pour relever les défis de leur époque.

Ça n’est pas toujours parfait — ça n’a pas toujours été parfait. Mais en œuvrant de concert, le monde a réalisé des progrès remarquables et indéniables pour ce qui est d’améliorer le quotidien de chacun.

Nous avons évité la reprise d’un conflit mondial tout en sortant plus d’un milliard de personnes de la pauvreté extrême.

Ensemble, nous avons renforcé l’accès à l’éducation pour des millions d’enfants.

Nous avons sauvé des dizaines de millions de vie qui auraient été fauchées par des maladies qu’on peut prévenir et traiter, comme la rougeole, le paludisme, la tuberculose.

Les infections et les décès dus au VIH ont chuté considérablement en grande partie grâce à l’action du PEPFAR dans plus de 55 pays, ce qui a permis de sauver plus de 25 millions de vies.

Voilà qui illustre on ne peut mieux tout ce que nous pouvons accomplir lorsque nous faisons front commun et que nous attaquons à des problèmes difficiles, et c’est aussi une exhortation, à l’adresse de chacun d’entre nous, à accélérer ces progrès en toute urgence pour que personne ne soit laissé de côté, parce que trop de gens sont laissés pour compte.

Les institutions que nous avons construites ensemble à la fin de la Seconde Guerre mondiale constituent les fondations solides de nos progrès, et les États-Unis sont déterminés à les soutenir.

Cette année, les États-Unis sont fiers d’avoir réintégré l’UNESCO. Nous sommes aussi conscients que, face aux nouveaux défis que doivent relever nos institutions et nos approches vieilles de plusieurs décennies, celles-ci doivent faire peau neuve pour suivre le rythme auquel progresse le monde.

Nous devons mobiliser le leadership et les capacités qui existent partout, en sollicitant particulièrement les régions qui n’ont pas toujours été pleinement incluses. Nous devons nous attaquer à des problèmes qui sont plus interdépendants et plus complexes. Et nous devons nous assurer que nous produisons des résultats pour les populations partout dans le monde, pas seulement ici ou là, mais partout.

Pour dire les choses simplement, au XXIe siècle, on a grandement besoin de résultats pour nous faire avancer. Et ça commence ici, aux Nations unies, dans cette salle.

L’année dernière, à cette tribune, j’ai fait savoir que les États-Unis étaient favorables à l’élargissement du Conseil de sécurité en augmentant le nombre de membres permanents et non permanents.

Les États-Unis ont entamé des consultations sérieuses avec un grand nombre d’États membres. Et ils continueront de jouer leur rôle pour promouvoir les efforts de réforme, trouver un terrain d’entente et progresser dans les années à venir.

Nous devons pouvoir sortir de l’impasse qui, trop souvent, entrave le progrès et empêche d’arriver au consensus au Conseil. Nous devons entendre davantage de voix, davantage de points de vue à la table des négociations.

Les Nations unies doivent continuer de préserver la paix, de prévenir les conflits et d’apaiser les souffrances humaines. Et nous saluons les nations qui s’engagent à mener de nouvelles actions et à rechercher de nouvelles avancées sur les dossiers difficiles.

En ce qui concerne Haïti, par exemple, la communauté des Caraïbes facilite le dialogue au sein de la société haïtienne.

Je remercie le président Ruto, du Kenya, d’avoir accepté d’être le chef de file d’une mission d’appui à la sécurité soutenue par l’ONU. Je demande au Conseil de sécurité d’autoriser cette mission dès maintenant. La population haïtienne ne peut plus se permettre d’attendre.

Les États-Unis travaillent à tous les niveaux pour faire en sorte que les institutions mondiales soient plus réactives, plus efficaces et plus inclusives.

Par exemple, nous avons pris des mesures importantes pour réformer et renforcer la Banque mondiale, en étendant son financement aux pays à revenu faible et intermédiaire afin qu’elle puisse contribuer à stimuler les progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable et mieux relever les défis interdépendants, tels que le changement climatique et la fragilité.

Sous la houlette du nouveau président de la Banque mondiale, le changement prend déjà racine.

Le mois dernier, j’ai demandé au Congrès des États-Unis des fonds supplémentaires pour accroître le financement de la Banque mondiale de 25 milliards de dollars. Lors du G20, nous avons rallié les principales économies du monde à l’objectif de la mobilisation d’encore plus de fonds. Collectivement, nous pouvons donner un coup de fouet à l’activité de prêt de la Banque mondiale.

Et comme les banques multilatérales de développement sont parmi les meilleurs outils dont nous disposons pour mobiliser des investissements transparents et de qualité dans les pays en développement, la réforme de ces institutions peut changer la donne.

De même, nous avons proposé de veiller à ce que les pays en développement aient une voix et une représentation fortes au sein du Fonds monétaire international.

Nous allons poursuivre nos efforts visant à réformer l’Organisation mondiale du commerce et à préserver la concurrence, l’ouverture, la transparence et la primauté du droit, tout en lui donnant les moyens de mieux répondre aux impératifs de notre temps, tels que la transition vers des énergies propres, la protection des travailleurs et la promotion d’une croissance inclusive et durable.

Ce mois-ci, nous avons renforcé le G20 en tant que forum essentiel, en accueillant l’Union africaine à titre de membre permanent.

Mais la mise à niveau et le renforcement de nos institutions ne représentent que la moitié du tableau. Nous devons également forger de nouveaux partenariats et relever de nouveaux défis.

Les technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle, recèlent à la fois un énorme potentiel et un énorme danger. Nous devons veiller à ce qu’elles soient utilisées comme des outils d’opportunité et non comme des armes d’oppression.

En collaboration avec des dirigeants du monde entier, les États-Unis s’efforcent de renforcer les règles et les politiques afin que les technologies d’intelligence artificielle soient sans danger avant d’être mises à la disposition du public, pour s’assurer que nous les maîtrisons et non l’inverse, que ce soient elles qui nous maîtrisent.

Et je m’engage à travailler par le biais de cette institution et d’autres organismes internationaux, de même que directement avec les dirigeants du monde entier, y compris nos concurrents, pour veiller à ce que nous exploitions le pouvoir de l’intelligence artificielle pour le bien, tout en protégeant nos concitoyens contre ses risques les plus sérieux.

Nous devrons tous y mettre du nôtre. Je travaille sur la question depuis un certain temps, comme beaucoup d’entre vous. Nous allons devoir tous mettre la main à la pâte si l’on veut faire bien les choses.

Dans toutes les régions du monde, les États-Unis mobilisent des alliances solides, des partenariats polyvalents, un objectif commun, une action collective pour élaborer de nouvelles approches face à nos défis communs.

Ici, dans l’hémisphère occidental, nous avons rallié 21 nations à la Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection, laquelle propose une approche régionale à un problème régional pour mieux faire respecter les lois et protéger les droits des migrants.

Dans l’espace indopacifique, nous avons renforcé notre partenariat quadripartite avec l’Inde, le Japon et l’Australie afin d’apporter des progrès concrets aux habitants de la région dans des domaines aussi variés que les vaccins ou la sécurité maritime.

Pas plus tard qu’hier, après deux années de consultations et de diplomatie, les États-Unis ont réuni des dizaines de pays issus de quatre continents pour établir un nouveau Partenariat de coopération atlantique afin que les pays côtiers de l’Atlantique soient davantage en mesure de coopérer dans les domaines de la science, de la technologie, de la protection de l’environnement et du développement économique durable.

Nous avons rassemblé près de 100 pays au sein d’une coalition mondiale de lutte contre le fentanyl et les drogues de synthèse afin de réduire le coût humain de ce fléau. Le problème est réel.

À mesure que la nature des menaces terroristes évolue et que leur géographie s’étend, nous travaillons avec nos partenaires pour mettre en œuvre des capacités permettant de déjouer les complots, de dégrader les réseaux et de protéger l’ensemble de nos concitoyens.

En outre, nous avons organisé le Sommet pour la démocratie dans le but de renforcer les institutions démocratiques, d’éradiquer la corruption et de rejeter la violence politique.

Et le fait qu’à l’heure actuelle des gouvernements démocratiquement élus ont été renversés coup sur coup en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale nous rappelle que ce travail est plus urgent et plus important que jamais.

Nous sommes aux côtés de l’Union africaine, de la CEDEAO et d’autres organismes régionaux pour soutenir le droit constitutionnel. Nous ne reculerons pas devant les valeurs qui font notre force. Nous défendrons la démocratie, notre meilleur outil pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés à travers le monde. Et nous nous efforçons de montrer comment la démocratie peut apporter des résultats qui comptent dans la vie des gens.

Le Partenariat pour les infrastructures mondiales et l’investissement répond à l’énorme besoin et à l’opportunité d’investissement dans les infrastructures des pays à revenu faible et intermédiaire, en particulier en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est.

Grâce à des investissements publics stratégiques et ciblés, nous pouvons débloquer d’énormes quantités de financement du secteur privé.

Le G7 s’est engagé à travailler avec les parties pour mobiliser collectivement 600 milliards de dollars de financement dans les infrastructures d’ici 2027. À ce jour, les États-Unis ont déjà mobilisé plus de 30 milliards de dollars.

Nous créons une course vers le haut en présentant des projets qui respectent des normes élevées pour les travailleurs, l’environnement et la propriété intellectuelle, tout en évitant le piège d’une dette insoutenable.

Nous nous concentrons sur des corridors économiques qui maximiseront l’impact de notre investissement collectif et produiront des résultats importants dans de multiples pays et de multiples secteurs.

Par exemple, le corridor de Lobito s’étendra à travers l’Afrique, du port dans l’ouest de l’Angola à la Zambie en passant par la RDC, ce qui stimulera la connectivité régionale et renforcera le commerce et la sécurité alimentaire en Afrique.

De même, l’effort novateur Connect India que nous avons annoncé lors du G20, et qui a pour objet de relier l’Inde à l’Europe en passant par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël, dopera les opportunités et les investissements sur deux continents.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à construire un Moyen-Orient plus durable et intégré. Elle démontre que la normalisation et les liens économiques accrus d’Israël avec ses voisins ont des effets positifs et concrets, alors même que nous continuons à œuvrer sans relâche en faveur d’une paix juste et durable entre les Israéliens et les Palestiniens — deux États pour deux peuples.

Pour dire les choses clairement : aucun de ces partenariats ne vise à confiner un pays. Il s’agit d’une vision positive de notre avenir commun.

En ce qui concerne la Chine, je tiens à être clair et cohérent. Nous cherchons à gérer de manière responsable la concurrence entre nos pays afin qu’elle ne débouche pas sur un conflit. J’ai dit : « Nous souhaitons la réduction des risques, pas le découplage vis-à-vis de la Chine. »

Nous réagirons face à l’agression et à l’intimidation et nous défendrons les règles de conduite, de la liberté de navigation à celle de survol, en passant par des règles du jeu économiques équitables, qui ont contribué à préserver la sécurité et la prospérité pendant des décennies.

Mais nous sommes également prêts à collaborer avec la Chine sur des questions où les progrès dépendent de nos efforts communs.

Rien n’est plus important que l’accélération de la crise climatique. Nous le constatons partout : des vagues de chaleur sans précédent aux États-Unis et en Chine ; des incendies de forêt qui ravagent l’Amérique du Nord et l’Europe du Sud ; une cinquième année de sécheresse dans la Corne de l’Afrique ; des inondations tragiques, absolument tragiques en Libye — je suis de tout cœur avec le peuple libyen — qui ont tué des milliers, des milliers de personnes.

Ensemble, ces instantanés montrent avec urgence ce qui nous attend si nous ne réduisons pas notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles et que nous ne commençons pas à protéger le monde contre les effets du changement climatique.

Dès mon entrée en fonction, mon administration aux États-Unis a traité cette crise comme une menace existentielle, non seulement pour nous, mais aussi pour l’ensemble de l’humanité.

L’an dernier, j’ai promulgué aux États-Unis une loi qui représente le plus grand investissement jamais fait dans le monde pour lutter contre la crise climatique et conduire le monde vers un avenir fait d’énergie propre.

Nous travaillons également avec le Congrès pour quadrupler nos financements pour le climat afin d’aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs climatiques et à s’adapter aux effets du climat.

Et cette année, le monde est en bonne voie pour respecter sa promesse de financement climatique prise dans le cadre de l’Accord de Paris, à savoir celle de recueillir 100 milliards de dollars collectivement. Mais il nous faut davantage d’investissements, aussi bien du secteur public que du secteur privé, en particulier dans les endroits qui contribuent le moins aux émissions dans le monde mais qui font face aux pires effets du changement climatique, comme par exemple les îles du Pacifique.

Les États-Unis coopèrent directement avec le Forum des îles du Pacifique pour aider ces nations à s’adapter et à renforcer leur résilience face aux effets du climat, cela parallèlement à nos efforts visant à nouer de nouveaux partenariats novateurs qui s’attaquent aux problèmes mondiaux de tous bords.

De la First Movers Coalition, qui mobilise des milliards de dollars en promesses d’engagement du secteur privé, à la création d’une demande de produits non polluants sur le marché dans les secteurs intenses en carbone, tels que l’industrie cimentière, le commerce maritime, l’aviation et le transport routier ; à l’Agriculture Innovation Mission for Climate, qui intègre les agriculteurs dans la solution au climat et rend notre approvisionnement alimentaire plus résilient face aux chocs climatiques ; en passant par l’Engagement mondial sur le méthane, auquel adhèrent maintenant plus de 150 pays, et qui élargit notre champ d’action au-delà des émissions de CO2 afin de réduire de 30 % les potentiels gaz à effet de serre émis dans notre atmosphère au cours de cette décennie. Tout cela est dans la mesure de nos moyens.

Nous devons apporter le même niveau de détermination, d’urgence et d’ambition dans nos efforts communs pour atteindre les Objectifs du développement durable de 2030. Ces objectifs ont été adoptés en 2015 aux Nations unies comme une feuille de route pour améliorer la vie des gens dans le monde entier.

Mais la triste vérité est que, malgré des dizaines d’années de progrès, le monde a perdu du terrain au cours de ces dernières années en raison de la COVID, des conflits et de d’autres crises.

Les États-Unis sont déterminés à faire leur part pour nous remettre sur les rails.

En tout, au cours des deux premières années de mon administration, les États-Unis ont investi plus de 100 milliards de dollars pour faire progresser le développement en renforçant la sécurité alimentaire, en élargissant l’accès à l’éducation dans le monde entier, en consolidant les systèmes de santé et en luttant contre les maladies. Et nous avons contribué à la mobilisation de milliards de dollars d’investissements supplémentaires du secteur privé.

Mais pour accélérer et faire avancer nos progrès en vue des Objectifs du développement durable, nous devons tous en faire davantage. Nous devons forger de nouveaux partenariats qui modifient la façon dont nous nous attaquons au défi de débloquer des milliers de milliards de dollars supplémentaires de financements pour le développement, en s’appuyant sur toutes les sources possibles. Nous devons combler les inégalités et régler les lacunes de notre système actuel que la pandémie a révélées au grand jour.

Nous devons veiller à ce que les femmes et les filles profitent pleinement de nos progrès.

Nous devons également nous attaquer à la dette qui freine beaucoup de pays à revenu faible et intermédiaire. Quand les pays sont forcés d’assurer le service de leur dette à un niveau insoutenable plutôt que de répondre aux besoins de leur population, il leur est plus difficile d’investir dans leur avenir.

Et tout en coopérant pour nous remettre des chocs mondiaux, les États-Unis resteront le principal pays donateur d’aide humanitaire en cette période de besoins inégalés dans le monde.

Chers amis, la coopération, les partenariats, voilà la clé pour progresser face aux défis qui nous concernent tous, et la base d’un leadership responsable.

Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous pouvons avancer sur ces dossiers, comme celui de la maîtrise des armements, une pierre angulaire de la sécurité internationale.

Après plus de 50 années de progrès dans le cadre du Traité de non-prolifération, la Russie est en train de réduire en miettes des accords de longue date sur la maîtrise des armements, notamment en annonçant la suspension du nouveau traité START et en se retirant du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

Pour moi, c’est irresponsable, et cela rend le monde entier moins sûr.

Les États-Unis vont continuer à s’efforcer en toute bonne foi de réduire la menace des armes de destruction massive et à montrer l’exemple, quoi qu’il se passe ailleurs dans le monde.

Cette année, nous avons détruit avec précaution les dernières armes chimiques du stock américain, tenant ainsi notre promesse de débarrasser le monde de toutes les armes chimiques.

Et nous condamnons les violations constantes par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité, mais nous sommes attachés à la diplomatie qui pourrait mener à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Et nous collaborons avec nos partenaires pour réagir aux activités déstabilisatrices de l’Iran qui menacent la sécurité régionale et mondiale, et notre engagement à ce que l’Iran n’acquière jamais l’arme nucléaire reste inébranlable.

Mais, même si nous faisons évoluer nos institutions et entraînons de nouveaux partenariats créatifs, soyons clairs, certains principes de notre système international sont sacro-saints.

La souveraineté, l’intégrité territoriale, les droits de la personne — ce sont les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, les piliers de relations pacifiques entre les nations, sans lesquels il est impossible d’atteindre nos objectifs.

Cela n’a pas changé, et cela ne doit pas changer.

Pourtant, pour la deuxième année consécutive, cette assemblée consacrée à la résolution pacifique des conflits est assombrie par le spectre de la guerre, d’une guerre illégale de conquête, lancée sans qu’elle ait été provoquée, par la Russie contre sa voisine, l’Ukraine.

Comme tous les pays du monde, les États-Unis souhaitent que cette guerre s’arrête. Aucun pays ne souhaite plus la fin de cette guerre que l’Ukraine.

Et nous soutenons vigoureusement l’Ukraine et les efforts qu’elle déploie pour parvenir à une résolution pacifique, porteuse d’une paix juste et durable.

Mais la Russie est la seule, elle est la seule responsable de cette guerre. La Russie est la seule à pouvoir mettre fin à cette guerre immédiatement. Et la Russie est la seule à faire obstacle à la paix, parce que le prix de la paix exigé par la Russie, c’est la capitulation de l’Ukraine, le territoire de l’Ukraine et les enfants de l’Ukraine.

La Russie est convaincue que le monde va se lasser et qu’il va la laisser brutaliser l’Ukraine sans conséquences.

Mais je vous pose la question : si nous abandonnons les principes fondamentaux des Nations-Unis pour apaiser un agresseur, y aura-t-il ne serait-ce qu’un État membre de cet organe qui puisse se sentir vraiment protégé ? Si nous laissons l’Ukraine perdre des morceaux de son territoire, l’indépendance de tout autre pays sera-t-elle garantie ?

Avec tout le respect que je vous dois, je suggère que la réponse est Non.

Nous devons nous opposer à cette agression flagrante aujourd’hui et dissuader tout agresseur en devenir demain.

C’est pourquoi les États-Unis, en collaboration avec leurs alliés et partenaires des quatre coins du monde, continueront d’être solidaires des Ukrainiens courageux qui défendent leur intégrité territoriale, leur souveraineté et leur liberté. [Applaudissements]

Il s’agit d’un investissement non seulement dans l’avenir de l’Ukraine, mais dans celui de tous les pays en quête d’un monde régi par des règles de base s’appliquant à toutes les nations et faisant respecter les droits de toutes les nations, petites ou grandes : la souveraineté, l’intégrité territoriale. Ce sont-là les fondations même de cette noble organisation, et la Déclaration universelle des droits de l’homme est sa boussole. Nous ne devons sacrifier aucune des deux.

Il y a 75 ans, la Déclaration universelle des droits de l’homme a fixé sur le papier un acte remarquable d’espoirs collectifs. Je répète : d’espoirs collectifs, rédigé par un comité qui représentait des régions, des fois et des philosophies différentes, et adopté à l’unanimité par l’Assemblée générale. Les droits contenus dans cette déclaration sont élémentaires et pérennes.

Et même si nous avons encore du mal à reconnaître les droits égaux et inaliénables de chacun, ils restent toujours inchangés et vrais.

Nous ne pouvons pas tourner le dos aux abus commis, que ce soit au Xinjiang, à Téhéran, au Darfour ou ailleurs.

Nous devons continuer de faire en sorte que les femmes et les filles jouissent des mêmes droits et de la même participation que les hommes dans la société ; que les groupes autochtones, les minorités raciales, ethniques et religieuses, et le potentiel des personnes en situation de handicap ne soit pas étouffé par la discrimination systémique ; que les personnes LGBTQI+ ne soient ni poursuivies en justice ni ciblées par la violence en raison de leur identité.

Ces droits font partie de notre humanité commune. Quand ils sont absents dans un endroit, leur perte se fait ressentir partout. Ils sont essentiels au progrès de l’humanité, celui même qui nous unit.

Mes chers collègues dirigeants, je voudrais conclure en ces mots. Nous nous trouvons à un point d’inflexion dans l’histoire où nous allons être jugés sur notre capacité à tenir les promesses que nous nous sommes faites à nous-mêmes, les uns aux autres, aux plus vulnérables et à tous ceux qui héritent du monde que nous créons, parce que c’est ce que nous sommes en train de faire.

Trouverons-nous en nous-mêmes le courage de faire ce qu’il faut pour préserver la planète, protéger la dignité humaine, offrir des opportunités à tous, partout dans le monde, et défendre les principes des Nations unies ?

Il n’y a qu’une seule réponse à cette question : nous devons le faire et nous le ferons.

La route devant nous est longue et sinueuse, mais si nous persévérons et que nous triomphons, si nous gardons confiance en nous-mêmes et que nous montrons que c’est possible.

Accomplissons ce travail ensemble. Faisons en sorte que tout le monde profite du progrès. Influençons le cours de l’histoire dans l’intérêt du monde parce ce que nous avons le pouvoir de le faire.

Je vous remercie de votre attention et de votre gentillesse.

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